Compte-rendu du débat : crise globale, réponse globale avec J.M. QUATREPOINT

Publié le par J.DEROFF

Pour l’auteur le capitalisme est un système créateur de richesses qui connaît des crises dont il n’est sorti que par l’inflation ou la guerre. Après la deuxième guerre mondiale, le capitalisme a été contraint, par la concurrence de l’union soviétique, de mieux partager la plus-value ou valeur ajoutée avec les salariés : on achète la paix sociale, c’est l’heure de la social-démocratie en Europe.

En 1970, l’Amérique a perdu la guerre du Viêt-Nam. Les Japonais montent en puissance et rachètent des technologies aux Etats-Unis. L’Amérique est alors au plus bas : trop de monopoles, trop de syndicats et  de «Big State» qui ponctionnent la valeur ajoutée. En 1980, les Etats-Unis cassent le système avec Reagan. Ils font alliance avec la Chine communiste. La diaspora chinoise joue un rôle considérable en conseillant Deng Xiaoping. Elle avait gagné beaucoup d’argent et veut que la monnaie chinoise s’indexe sur le dollar. La nouvelle globalisation est la revanche du capital sur le travail. Le néo-libéralisme triomphe avec Reagan et Thatcher.

Au cours des années 1980, les Américains mettent l’U.R.S.S. à genou et  les Japonais en difficulté (crack de 1990). L’Europe est déséquilibrée avec la réunification de l’Allemagne, et subit cette mondialisation qui va s’accélérer grâce à Internet. Cela va favoriser une émergence d’activités inédites (informatique, télécom. et finance). Le capitalisme global est un capitalisme de flux qui ne gagne pas sur la production mais sur les échanges. En 1990 aux U.S.A., on payait les salaires avec des « stock-options ». Plus le capitalisme financier se développait, plus on payait les gens avec des actions.

Arrive le 11 septembre : une vraie rupture. Suppression des emplois dans le tertiaire, délocalisations… L’ouvrier de « General Motors » se retrouve vendeur de pizzas mais on lui dit qu’il va gagner grâce aux actions. On a remplacé, à partir de 2001, la bulle Internet par l’immobilier. Bush a voulu la guerre en Irak qui a coûté une fortune financée par la planche à billet. Ainsi, tout le monde s’est endetté avec des taux d’intérêts très bas, ce qui a permis à des financiers de faire des fortunes avec l’argent des autres.

Quand l’économie russe s’est effondrée, Poutine a essayé de sauver la Russie. Les Américains avaient passé un « deal » avec Eltsine. En 1999, la Russie était au plus bas. Les Américains ont raté leur OPA sur la Russie, ils voulaient le contrôle du pétrole. A partir de 2001-2003 c’est la fuite en avant. Un dicton boursier dit « que les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel »…En 2002, la Chine rentre dans l’organisation mondiale du commerce avec une main-d’œuvre surabondante. En France, nos entreprises du « CAC-4O » délocalisent. En 1990, les multinationales anglo-saxonnes ont délocalisé en Chine pour réexporter ailleurs afin d’accroître leurs marges. La délocalisation n’est plus pour alimenter le marché local mais pour augmenter les bénéfices des multinationales : dérives du capitalisme financier et rachat d’actions. Le monde n’a pas investi, n’a pas préparé l’avenir, il a vécu à court terme.

 

Comment s’en sortir ?

 

 

Obama a un plan : les Américains vont rebondir (infrastructures, écologie…). Leurs déficits vont exploser, le dollar va baisser. Ils vont renouer avec les Chinois pour que les deux monnaies se stabilisent mais les Européens pourraient faire les frais de ces opérations. En France, on ne trouvera l’argent que par les dettes. Il faut commencer par les investissements, mais la législation actuelle, en France, ne permet pas de relance à court terme.

 

Le débat est ouvert avec quelques questions.

 

 

L’entrée dans le monde de la Chine peut faire un contre-poids aux Etats-Unis. Selon Karl Marx, le capitalisme a toujours connu des crises. Le financement par la dette va trouver ses limites. L’Europe est hétérogène, la Grande-Bretagne est financière, la France n’a pas une industrie d’innovation et de produits avancés. L’Allemagne a une base industrielle qui fonctionne.

 

Réponses de M. Quatrepoint :

 

La Grande-Bretagne est une puissance financière et le restera

Le miracle Espagnol ? : C’est du pipeau.

L’Allemagne se veut une puissance industrielle. Elle a une excellente stratégie.

La France a choisi le « CAC-40 » avec les énarques qui se sont auto-privatisés. On peut faire un pays de tourisme mais qui ne crée pas d’emplois avec de la valeur ajoutée. Or, il faut  des emplois dans le domaine industriel. Les entreprises du « CAC-40 » n’aiment pas les P.M.E. L’argent doit se recycler sur place et créer des richesses là où il est. La fiscalité française n’est pas adaptée.

Sur le financement de la dette, la France a quelques atouts : une position géographique exceptionnelle, son épargne et le plus fort taux de fécondité (de l’ordre de 2) car depuis 50 ans la politique familiale n’a pas variée (crèches, maternelles). Ce seront les petits Français qui paieront les retraites des autres petits Européens.

Les gens qui nous gouvernent ont peu d’outils entre les mains. Beaucoup dépendra de la relance en Europe. Si on met de l’argent dans les banques, il semble normal que l’Etat ait un droit de regard. Pour avancer, il faut bâtir de nouveaux fonds et structures qui doivent se gérer eux-mêmes. Nationaliser sur le modèle de 1981, ce n’est plus envisageable. Il faut mélanger privé et public.

Une seule mesure, au niveau mondial : rétablir les règles en matière d’importations. Les Chinois pratiquent un dumping monétaire et social. Pour les licenciements, si l’Administration s’en mêle, il n’y aura plus de création d’emplois. Les patrons n’ont qu’une idée : « serrer les  boulons » même si les courbes s’infléchissent.

Les Américains ne se sont pas rendu compte de l’étendue de la faillite du système bancaire. On peut s’en sortir par la dette en faisant des investissements car il faut éviter l’inflation et la guerre.

En conclusion, il faut de nouveaux instruments, il faut réguler et anticiper l’avenir. La Gauche, hélas, n’a pas su maintenir son esprit critique.

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